On peut le retrouver sur de nombreuses côtes tropicales et subtropicales du continent américain et des Caraïbes, de l’Afrique et également sur les terres indo-pacifiques de manière non native.

C’est un arbuste en front de mer, généralement de 3 à 8m de haut mais pouvant atteindre 35m si les conditions lui sont favorables.

Le Palétuvier rouge, c'est qui ?

Le palétuvier rouge, Rhizophora mangle de son petit nom latin, est l’un des seuls arbres capables de pousser en eau de mer. C’est un représentant iconique des mangroves marines et le plus répandu des palétuviers.

« Rhizophora » signifie « qui porte des racines » en grec. Tous les arbres de ce genre sont en effet caractérisés par le port de nombreuses racines aériennes très développées. 

« Mangle » dériverait de l’Arawak amérindien via l’espagnol et désigne le palétuvier et les arbres vivant en bord de mer.  Par association avec « grove » (bosquet en anglais), ce mot a donné le nom « mangrove« .

La floraison dure toute l’année. Les fleurs sont jaunes.

Le feuillage est persistant et composé de feuilles vertes foncées luisantes et coriaces. Leur face inférieure est vert clair à jaunâtre et ponctuée de noir. Elles mesurent jusqu’à 15cm de long et 6cm de large.

Les racines échasses ramifiées et les racines aériennes sont ce qui rend le palétuvier rouge remarquable. D’ailleurs c’est de par leur couleur rougeâtre qu’il porte ce nom.

Un environnement dangereux

Qu’est ce qui fait du palétuvier rouge une plante unique ?
Et bien c’est le fait qu’il a su repousser les limites du survivalisme chez les plantes. La forme originale de cet arbuste et les nombreuses bizarreries sont des adaptations aux différentes contraintes du milieu extrême dans lequel il évolue.

la deshydratation

Même s’il pousse en milieu aquatique la disponibilité en eau est très limitée. Pourquoi ? Et bien à cause du sel ! 

Quand vous mangez salé vous avez cette sensation de devoir boire. En simplifiant, pour que les cellules de votre corps fonctionnent il faut qu’il y ait une salinité stable c’est-à-dire un équilibre entre la concentration en sel et en eau. Pour la plante c’est pareil.

Imaginez devoir boire de l‘eau de mer en transpirant sous un soleil intense, pas évident et pourtant c’est son quotidien. Pour ne pas mourir de soif, le palétuvier rouge a pas mal de talents.

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Tout d’abord ses racines sont quasiment imperméables au sel. 90% du sel n’arrive pas à traverser les parois des racines. 

Pour les 10% restant, il s’accumule dans des compartiments cellulaires (vacuoles) des feuilles âgées ou il est stocké jusqu’à leur chute. 

Le palétuvier rouge est donc ce qu’on appelle un halophyte, une plante résistante au sel. Il tolère même une eau à 90g/L de sel, environ 2,5 fois plus salée que l’eau de mer ! 

De plus pour limiter la quantité d’eau perdue par évaporation dans leurs feuilles, il peut contrôler l’ouverture des stomates qui sont de petits pores sur la surface des feuilles qui échangent des gaz et de la vapeur d’eau. Si jamais le soleil tape trop fort, il peut également orienter les feuilles pour éviter le soleil vif de midi.

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Une nutrition difficile

Maintenant, imaginez devoir respirer sous l’eau alors que vous n’en êtes pas capable ou devoir vous alimenter en respirant ? Ça aussi c’est le quotidien dans les mangroves.
Le comble c’est de ne pas pouvoir récupérer des nutriments dans le milieu pourtant chargé en matière organique.

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Comme le sol est perpétuellement saturé en eau, il y a peu d’oxygène disponible. Avec ces faibles teneurs en oxygène, les bactéries anaérobies produisent de l’azote sous forme gazeuse, du fer soluble, des phosphates inorganiques, des sulfures et du méthane rendant le sol peu nutritif.

Pour cela le palétuvier rouge forme de nombreuses racines échasses afin de se maintenir au-dessus du niveau de l’eau. Entre autre, l’oxygène et l’azote sont ainsi récupérés dans l’atmosphère par des fentes dans l’écorce appelées lenticelles. Les gaz sont également stockés directement à l’intérieur des racines de sorte qu’ils puissent être tout de même alimentés lorsque les racines sont submergées pendant la marée haute. Les divers autres nutriments, comme le fer, sont récupérés du sol.

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érosion

En plus de leur rôle respiratoire, les racines ont bien sûr un rôle de stabilisation important. Elles permettent à la plante d’assurer sa fixation au sol peu stable.

Un début de vie hors du commun

On connait le cycle des plantes à fleurs qui font des graines qui se disséminent et germent pour donner de nouvelles plantes. Et bien ce n’est pas le cas du palétuvier rouge. Dans cet environnement contraignant, l’espèce a évolué pour proposer un mécanisme d’aide aux jeunes plantules.

Cela signifie que la germination de la graine se fait dans le fruit alors qu’il reste attaché à la plante mère.  C’est quelque chose de très rare dans le règne végétal.

Suffisamment développée, la jeune plante nommée « propagule » mesurant 10 à 40cm se détache du fruit et tombe dans la mer où elle s’enracine immédiatement ou dérive jusqu’à trouver un endroit propice pour s’enraciner et se développer.

En plus d’avoir un mode de dissémination unique, la survie des propagules est aussi extrêmement longue. En effet, elles peuvent flotter jusqu’à 1 voire 2 ans avant de s’enraciner ce qui permet de coloniser de vastes territoires.

Une plante consommée

Le palétuvier rouge n’est pas toxique. On utilise les feuilles pour faire des tisanes. La jeune plantule, séchée, est parfois fumée comme cigare et les feuilles séchées à la place du tabac.
Le bois riche en tannins du palétuvier rouge est utilisé en décoctions dans la médecine traditionnelle pour traiter divers maux : mal de gorge et angines, fièvre, inflammations, blessures, brûlures et maux d’estomac.